mardi 13 juillet 2010

Un colloque et un workshop

Mon objectif concernant cet article est d'essayer -et je dis bien essayer- de partager un peu des trois jours intenses que quelques un d'entre nous ont pu vivre ces derniers jours à travers ces deux événements que sont: Le colloque "Management et animation de la créativité" et le workshop de la "Creativity and Innovation Management Community" qui se sont tenus respectivement le 30 juin et 1 juillet et le 1 juillet et 2 juillet à Paris.




C'est Guy Aznar, président de Créa-Université qui à ouvert ce colloque ce mercredi à l'université René Descartes. Ce colloque a regroupé différents intervenants: consultants en animation ou en innovation, professionnels et chercheurs. Trente minutes après l'ouverture et les quelques présentations usuelles d'un cycle de conférence, le ton était donné avec l'intervention de Dimis Michaelides. D.Michaelides nous a offert une prestation aussi surprenante sur la forme que dense dans le propos. Maitre dans l'art d'illustrer ses propos par sa fantaisie et par des tours de magies, cet homme nous emmène à travers les principes d'une créativité accélératrice de changement.


Gerard Puccio ferma le premier jour avec une conférence (traduite par Patrick Duhoux). Gerard Puccio introduit la notion de "creative leadership" au sein des entreprises et s'appuie sur des études telles que la célèbre "IBM global CEO Study" (en savoir un peu plus ici et l'étude est téléchargeable en échange d'une inscription). Vous pouvez avoir un aperçu de son propos sur le leadership créatif sur youtube.


J'ai eu la chance de profiter d'une demie-heure de présentation de la part de André-Yves Portnoff, Directeur d'étude associé à Futuribles International, auteur de livre "Sentier d'Innovation". André-Yves Portnoff porte bien haut le message que la créativité est un outil essentiel pour appréhender la complexité. S'appuyant sur l'histoire du dôme de florence ou sur les nano-structures de carbone, il montre comment on peut faire mieux ou différemment avec un système de ressources constantes. Il s'appuie sur des succès Français qui ont montré leurs capacités à se différencier et à produire sur notre territoire en offrant des produits plus innovants (voir son slideshare ci-dessous).

Ce colloque auquel j'ai n'ai pu qu'assister partiellement à cause du démarrage du CIM worshop, m'a permit malgré de retrouver l'ambiance et les différents animateur rencontrés à Crea-Conference de Sestri-Levante. Ce colloque m'a encoure permit d'avancer dans mon "état de l'art" des pratiques créatives en France. Le seul reproche que l'on pourrait faire au colloque est le peu de présence des entreprises au niveau des conférences et des ateliers. Compte tenue de la jeunesse de Créa-université et la tendance des entreprises à peu communiquer sur leurs recettes, cette critique est surement à nuancer.

Les ateliers

Créa-Université a réunit sur deux jours plus de 25 ateliers regroupant des thème aussi différents que peut le montrer les exemples suivants: "Le pouvoir de l'impossible" de Mark Raison (voir ses carnets), "La posture sensible" de Guy Aznar et Stéphane Ely qui viennent sortir un livre du même nom (disponible en eBook), "Les hauts potentiels Créatif" de Safia Richou, I.Gennari et F.Zenasni, L'anayse du profil créatif Foursight présenté par Olwen Wolfe, Sylvie Courcelle et Gerard Puccio que l'on retrouvera au CIM, L'innovation de combat de Jean-Louis Swinners, Mettre plus de vie au sein des équipes par Isabelle Jacob, et tant d'autres qui me pardonnerons de ne pas recopier le programme du colloque.




Cet événement, qui concerne principalement la communauté des chercheurs sur la créativité et les processus d'innovation, est un événement incontournable en terme de recherche sur ce domaine. Le journal Creativity and Innovation Management anime régulièrement ces types d'ateliers de façon à permettre un échange des différentes études en cours. Les deux journées du CIM workshop comportaient  5 conférences et 7 de tables rondes et des discussions autour des résultats et des orientations du journal "Creativity and Innovation Management". 

J'ai pu assisté, donc, Gerad.J.Puccio (une deuxième fois) qui constate à partir de différentes études sur la créativité en entreprise le paradoxe suivant: 88% des entreprises utilise le mot créativité dans leurs mission lorsque 5% ont un plan d'action pour manager la créativité en entreprise. Fort de ce constat, il introduit le "Creative Leadership" comme étant un axe de développement pour les entreprises du 21éme siècle. 

Didier Bardin de l'association EGIDE Développement dénombre 4 axes de développements sur lesquels les entreprises sont supposées agir pour gérer leur créativité collective: le Creativity-Mood, le Creativity-Result, le Creativity-Process et le Creativity-System. Comme Gerad.J.Puccio, il considère que les entreprises mettent en place des actions favorisant plus "l'ambiance créative" (Creativity-Mood), qui est un prés requis pertinent mais pas suffisant, que des axes impliquant globalement les 4 axes précédents.  Didier Bardin observe, aussi, une confusion entre la gestion de l'innovation et la gestion de la créativité, propos que l'on retrouve dans le discours stratégique des entreprises (Voir Creativity vs Innovation). 

Nous avons ensuite assisté, le deuxième jour du workshop à l'école de mines, à une série d'interventions sur le créativité et la conception (intitulé Design en anglais). Après un rappel assez rapide des fondamentaux de la théorie CK par Armand Huatchel, Pascal Le Masson a présenté un historique des théories de la conception en 3 temps: Redtenbacher, Pahl et Beitz et son approche systématique du design et les travaux issus de l'institut des arts Bauhaus

Les tables rondes:

Les thèmes abordés lors des tables rondes La créativité dans les équipes d'étudiants, Le leadership de la créativité, l'enseignement de la créativité en Europe, les apports potentiels de la technologie sur la créativité dans le design, les théories de la conception, la valeur dans les processus de la conception, et une table ronde sur la créativité, l'innovation et l'entrepreneuriat.

Deux provocations qui feront, peut-être, débat:

J'ai pu observer, cette année, plusieurs courant de pensées. Armand Huatchel, fer de lance et co-concepteur de la théorie CK, interroge la communauté sur la viabilité psychologique de la créativité. Son discours, parfois provoquant, porte l'idée que les travaux de Jay Paul Guilford qui avait défini 150 différentes facultés impliquée dans la structure intellectuel humaine et qui avait introduit la notion de la faculté de divergence dans les processus de création, introduiraient des opérations plus métaphorique que réelles. Armand Huatchel remet en cause aussi l'existence des phases de divergence dans les phases de conceptions, qui ne correspond pas, de son point de vue, à une opération modélisable.

De plus Roberto Verganti de l'Ecole polytechnique de Milan, à son tour, challenge l'analyse psychologique des processus de conception. S'appuyant sur l'expérience de l'entreprise Alessi dans le design de la théière "Kettle" model (ou modèle 9093), il définit les phases de conceptions comme étant les suivantes: Immersion - Recherche - Développement. Sur cet exemple, il considère ce processus comme un travail de rigueur du chercheur et non comme étant une conception créative. Roberto Verganti considère aussi le rôle des visions obsessionnelles, dont font preuve, des leader comme Steeve jobs. Dans les années 90, Steeve jobs, convaincu de sa vision que la navigation sur le web sera l'usage qui permettra à l'ordinateur de sortir du cadre professionnel pour rentrer dans nos habitats, embauche Jonathan Ive, un designer plus habitué à concevoir des Baignoires que des ordinateurs (voir l'Aventure Apple). Ici, Steeve jobs ne ferait "que" se donner les moyens de mettre en œuvre des productions en accord avec sa vision. Pour parler comme Armand Huatchel, il dépasse le point de fixation qu'un ordinateur a un usage uniquement professionnel en comprenant que l'utilisateur peut en avoir un usage personnel. Roberto Verganti s'oppose à la vision de David Kelley, chairman de la société IDEO, (voir sa video sur TED) qui consiste à mettre du chaos dans le processus de design pour produire des idées neuves. David Kelley considère que ce rôle de designers peut-être et doit être tenu par de non experts, ce que réfute Roberto Verganti en s'appuyant sur le travail de recherche ou les visions directrices d'experts illustré dans ces exemples de succès en termes de conception.


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